Coup de ciseaux à Strip Land!

Je confie ma tête une à deux fois par an. Non pas que je n’ai pas confiance (même si…) mais je n’aime pas aller plusieurs fois au même endroit car ils prennent l’habitude de vous faire la même tête et si j’y vais c’est justement pour ne plus avoir la même tête.
Bref, me voilà chez une nouvelle adepte de la paire de ciseaux en lui expliquant ce que j’aimerais, dans le meilleur des mondes, qu’elle arrive à faire avec mes cheveux. Apparemment, nous nous étions comprises. Je garde toutefois un oeil sur celle qui va, en quelques minutes, me faire passer du long au carré dégradé… On expliquera cette subtilité une prochaine fois!.
Alors que l’on touchait à la conclusion positive de cette affaire capillaire, entra, accompagnée de son auxiliaire de vie, une dame d’un âge avancé autrement nommée « une vieille »! Dans tout salon de coiffure, il y a les « habituées ».Madame Michu fait partie de ce cercle sélect: celles qui viennent pour un coups de peigne comme elles disent, celles qui font les racines toutes les trois semaines et celles qui s’emmerdent et se disent « tiens, demain c’est samedi, j’irai bien chez le coiffeur ». Notre Madame Michu fait son entrée triomphale, non pas sous les applaudissements de la foule en liesse, mais sous les bonjours et autres us et coutumes d’usage de la patronne et de ses ouvrières!
Madame Michu est venue pour une couleur orange et une petite coupe des pointes. Je précise « petite » car plus on passe à la coupa para!
Après une vue capillaire à 380 degrès, Je quittais mon siège afin de me délester de quelques euros. Je ne sais pas si le nombre de cheveux tombés est proportionnel au prix mais j’ai payé pour l’année en cours!
C’est à ce moment précis que le pire n’est jamais décevant et que l’on pense que l’improbable est en fin de compte possible.
– ça me gène
– Je vous avais dit de ne pas le mettre
– Je veux l’enlever
– Non, je ne saurais pas où le mettre
– Mais, on est entre femmes, je peux l’enlever
De quoi parle-t-elle? Elle veut enlever quoi??? Il me passe dans la tête des images dont la seule probabilité m’effraie: un dentier dans un verre d’eau, une gaine, un tampax…. non impossible pour ce dernier!
Au moment où je me retourne en mettant mon manteau (je sais cette figure est vraiment spectaculaire: de la coordination de haut-vol!), j’aperçois Madame Michu tirant un genre de ficelle rose de la manche de son pull. La vilaine a mis son plan a exécution: elle enlève son soutien-gorge! Elle a la technique que l’on a toutes quand on souhaite ôter cet élément de lingerie sans retirer tout ce qui le recouvre. C’est à cet instant précis que je bloque. Dis donc ma coquine tu en as de belles dentelles!!! Ladite dentelle qu’elle tient fièrement levée devant l’assistance féminine stupéfaite.
5 secondes de plus et je pense qu’elle l’aurait fait tournoyer au-dessus de sa tête avant de le lancer à terre pour qu’on le brûle telles les féministes, dans les années 70! C’était sans compter sur la rapidité de son auxiliaire de vie qui se saisit de ce symbole d’une société bourgeoise et misogyne et le range prestement dans la poche de son manteau!
Après cette scène surprenante, je sors du salon en me disant que quand il y a de la gêne il n’y a pas de plaisir; même si ça pend, on a le droit d’avoir un bel emballage.
Une coquette restera toujours une coquette!