Mon père, ce héros

« Je suis la risée des voisins. Ils ont honte pour moi » me dit mon père deux jours après mon arrivée en province.
Mon sang au tiers catalan fit rapidement un tour et se mit à bouillonner! Il n’en fallait pas plus, je me devais de faire taire ces moqueurs, de leur faire ravaler leur quolibets. Je ne peux faire fi de ces railleries.
Mon esprit vengeur commençait à foisonner d’idées douloureuses quand ma raison lui fit prendre conscience que pour tout acte répréhensible, afin de faire taire les soupçons, il me faudrait trouver un alibi! Ad impossibilia nemo tenetur.
L’époque est houleuse et les gens méfiants. Comment les prendre dans mes filets et leur faire regretter leurs persiflages?
Il me fallait agir dans les plus brefs délais. Décision prise: dès le lendemain je ferai cesser les lazzis.
A la première heure, 11 heures (lire plus haut: je suis en vacances!), le soleil au rendez-vous, je décidais de mettre mon plan à exécution.
J’ouvre le garage, je me munis d’un seau, d’une éponge et je lave ma voiture.
Par cet acte, je fais disparaître ces tâches disgracieuses d’une pollution parisienne, et par là-même je lave l’honneur de mon père!
Et pourtant avec ma vignette Crit’Air jaune, je fais partie des voitures les plus propres… Autres lieux, autres moeurs!